Top articles
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Passe
Je voulais te dire prends l'améthyste et passe. Passe en courant devant la mer qui récapitule ses vagues. Passe, laisse l'écume au ciel et sa parole de sel aux vents. Nous avons fait les moaïs sur l'Ile de Pâques, les baobabs au Niger, les dragons à Komodo....
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La clameur des casseroles
Je ne trouve pas les mots pour dire combien je t'aime, ma rivière d'or, ma flamboyante foule de jeunes, prunelle de mes yeux, trésor, coeur de mon coeur qui déborde de te voir tous les soirs depuis tant de soirs clamer non non non, je ne me soumettrai...
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Au bord du monde
C'était une nuit de l'halloween longue et froide comme un couteau Assise sur le bord du monde je regardais à la manivelle une rue tamisée de brume où s'ébrouaient quelques corbeaux Au coin, aussi nonchalant que la lumière le diable attendait la lune et...
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Pluie
C'est la pluie têtue qui cogne son impatience menue contre le bois vermoulu, la maison enrouée de sommeil qui murmure parfois un carillon grenu, le chat enroulé pour la nuit dans son quart de vigie, l'enfant à poings fermés que berce une comptine ancienne,...
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Tiens
Tiens mon amour, tiens. Je t'envoie des milliards d'étoiles, des galaxies soufflées de la paume de ma main. Garde les yeux ouverts, tiens. Tu traverseras la violence des miroirs, la mainmise de ton père, les fractures de ta mère, les cordées de filles...
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Tout le ciel
L'ange a déposé ses ailes d'acier sur les toits et les arbres Tout le ciel s'est résorbé dans cette blancheur et ploie Moi aussi qui avance sans plus interroger ses augures aveugles mes traces dévorant jusqu'à mon ombre dans cette marche qui est ensevelissement...
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Le vieil homme et toi
C'était un vieil homme qui se tenait loin du commerce des mots, la tête renversée contre la poitrine apaisée du soir. Ses yeux étaient deux amphores insondables où se déversaient les perséides. Toi, tu marchais à la lisière des ombres, dans le flou qui...
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À ciel ouvert
et nous frottions nos yeux au plus bleu des rêves au plus bleu que ciel en vain tant que les remords et le désir de toujours mieux nous dévoraient vivants à deux doigts de mourir crevés les regrets basculer dans la vie rendu demain à ses pages immaculées...
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Grâce
Ta bouche sourit, tes yeux sont pleins de larmes. Tu me donnes à lire ce moment de grâce si puissant que pleurer et rire se rejoignent dans le même mouvement de l'âme Je vois la chasse à courre du vent dans les feuilles bruissantes, l'ombre redoutée de...
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Sur la touche
Rattrapée par les balles des souvenirs, les fragments de vie à implosion retardée, je ne peux plus courir, plus m'échapper, plus même me retenir aux piliers où s'agrippent les autres. Je suis sur un terrain mouvant, chaque pas pondéré. Autour de moi,...
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Lettre à la fille qui fondait
J'écris une longue lettre verte et mauve à la fille qui fond, une lettre bruyante sa vie durant qui se poursuivra bien au-delà de la mienne. Une lettre à fossettes bien sûr mais aussi à écailles qui t'écarquillent l'oeil, tout vif-argent arc-en-ciel,...
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Le petit sac
Elle a ramassé son petit sac de reproches, elle l'a posé près du téléphone, assez près pour percevoir la litanie de mes manquements, et elle m'a dit dans cette langue ancienne (en respirant très lentement) « Puisse la lumière ne pas retirer ton ombre...
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Comme un ruisseau
Ah ma mère malgré elle, ma mère enfant jamais maman, ma mère qui rit comme un ruisseau, ma mère qui crie, qui tape du pied, qui ne veut plus patienter, petite née sous les bombes, tôt menée au chevet de la mort, jeune fille livrée aux sacrifices quotidiens,...
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Monologue in-muro
Oh ho !, s'exclama la tonitruante, les poches débordantes d'éclairs et la main enroulée autour d'un goulot étranglé. Vous ne pensiez tout de même pas échapper si facilement à ma perspicace perspicacité. C'est que je vous tiens par les tripes, moi, Madame....
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Foin d'odeur en plein hiver
Écharpe de ciel bleu rose sur glacis de ville et rivière grelottante sous le crépuscule précoce. Le prédateur et la proie rivés dans l'étrange gratitude jusqu'au bout du vertige et des forces. Là-bas, cette autre qui file derrière l'inconnu sur sa moto...
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Défausser
Cinq scarabées et une couleuvre défaussés dans l'herbe sur les chants réfrénés je regarde maintenant où le vent pulse et dilate les nervures orangées du feu lorsqu'il fraye avec le bois - - - Traque trac et patatrac Passe le train, file la nuit des passe-murailles...
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Bonheurs
Je crois que je dormais encore. Mais était-ce bien un rêve ou avais-je glissé à mon insu dans une poche spatio-temporelle qui échappait aux lignes droites ? Les saisons avaient été redistribuées au petit bonheur. Tout à coup, j'étais dans l'instant d'un...
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L'étranger
Il venait du nord. Ses bottes grondaient sur le chemin de graviers secs. Ses yeux pleins de tempêtes ont bu d'une seule rasade le hameau gourd, les portes entrebâillées qui happaient les dernières chaleurs du jour, les hommes usés assis contre les murs...
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Lire
Parce que c'est bleu et que bleu c'est flèche de ciel, c'est toi disloqué de lumière, les pupilles dilatées par l'appétit de suivre encore et encore ces gerbes vivantes de dire, ce besoin de lire les retranscriptions des marées intérieures, les remous...
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Ciudad sin sueño
...Vendrán las iguanas vivas a morder a los hombres que no sueñan... Federico Garcia Lorca Ainsi parlait le vent et ses cisailles lestes pour découper les ombres, lourdes de crépuscules, longues d'aubes incessantes. Murmures à peine audibles, bruissement...
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Lune d'hiver
Fossilisée dans la nuit crayeuse, suspendue dans les remous vernaculaires, magma où elle se reforme atome par atome, la lune d'hiver feule et dans le halo de sa prunelle féline je vois la lune rouge - lune festive des moissons - qui viendra mais pour...
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Dessous l'arbre
C'est l'arbre qui déjà se rétracte dans ses racines pour l'hiver, la fleur tardive attendant l'alchimie de l'aube qui transforme le givre en rosée, et là-bas la voiture lancée sur le ruban ondoyant, plein soleil sous la calligraphie mouvante des nuages....
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Intacts
J'ai gardé intacts tes nuits avec leurs montants d'or, l'ample de ta tendresse étirée jusqu'au coeur, la tristesse de tes yeux qui aboie dans tes mots Tu ne sais peut-être plus les traversées de l'âme sous le seuil des corps, ce monde démultiplié de nos...
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Dévorant
Alors tu as baissé les yeux La pluie hoquetait un printemps rétif, je m'en souviens, et tes cheveux mouillés sentaient la mer, l'envie crue que tu cachais mal sous tes cils et qui pulsait maintenant sous ma peau, comme si mon corps ne m'appartenait plus,...
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Les tournesols humains
Ils sont cohortes silencieuses, les tournesols humains. Sous leur défroque de chair fragile, ils se tiennent parmi nous les bras écartés, les yeux pétillants et le sourire facile. Ils captent la moindre étincelle et la magnifient jusqu'à l'éblouissement...